La première institution éducative au sein du territoire du Soudan Français, désormais connu sous le nom de Mali, fut établie en l'an 1868 à Kayes. Cependant, il convient de noter qu'il faillit attendre jusqu'en 1948 pour qu'une semblable initiative soit entreprise dans la région de Tombouctou, et ce n'est qu'en 1954 que l'accès à l'éducation fut disponible dans la région de Kidal. Cette progression temporelle démontre qu'un laps de six années seulement précéda l'époque de décolonisation.
Le retard dans la mise en place des écoles est en partie responsable du faible taux d'alphabétisation et du déficit de développement.
En 1963, deux ans après le départ de la France, une rébellion pour l'indépendance de l'Azawad éclate dans le cercle de Kidal. Ce conflit, réprimé dans le sang, provoque à l'époque les déplacements forcés des populations qui fuient les violences. Jusqu'en 1995, date de fin de la deuxième rébellion touarègue, le système éducatif était faible. L'éducation a cédé la place à l'ignorance pendant près de 30 ans.
Aujourd'hui, dans la région de Kidal, 58 écoles sont fermées à cause de l'armée malienne, des mercenaires de Wagner et du JNIM affilié à Al-Qaïda.
Dans l'Azawad, la crise humanitaire qui sévit depuis plusieurs années a entraîné le déplacement massif de milliers d'enfants. Les conséquences sont désastreuses, car l'accès à l'éducation dans de nombreuses régions est fortement compromis.
Environ 1 730 écoles ont été fermées dans les régions du nord et du centre, affectant plus de 520 000 élèves. Ces chiffres s'ajoutent aux 2 millions d'enfants âgés de 5 à 17 ans qui sont analphabètes, selon l'UNICEF.
L'enseignement dans les régions de conflit, spécifiquement dans la zone de l'Azawad, se heurte à d'importants obstacles. Les établissements scolaires ont été soit endommagés soit fermés, les enseignants contraints à l'exode, privant ainsi les enfants de leur droit fondamental à l'éducation. Cette conjoncture instaure un cercle vicieux de privation, mettant en péril le devenir des jeunes et perpétuant le conflit.
De nombreux enfants qui ont été déscolarisés sont maintenant devenus des adolescents, et certains sont recrutés par des groupes terroristes ou contraints à l'exil. En outre, la fermeture des écoles est aggravée par le fait que de nombreux enseignants ont été contraints de quitter la région, certains ont été kidnappés et maltraités, et d'autres ont été tués.
Dans la région de Tombouctou et Gao, plus de 200 enseignants ont été soit kidnappés, assassinés ou ont été dépouillés de tous leurs biens sur le trajet qui les mène dans les villes ou villages où ils donnent des cours.
Face à ces enjeux sécuritaires, les écoles demeurent closes, privant ainsi les enfants de familles démunies de toute opportunité d'accès à l'éducation formelle. Dans certaines localités, les institutions éducatives ont cédé la place à des écoles coraniques, tandis que les plus aisés parviennent à envoyer leurs enfants vers les centres urbains pour garantir un niveau d'instruction minimal, malgré les défis en matière de logement. Le silence du Mali sur cette question demeure éloquent, alors que l'instabilité persiste malgré la propagande de junte de Bamako sur de la montée en puissance de l'armée.
Dans les zones contrôlées par des groupes terroristes tels que le JNIM affilié à Al-Qaïda ou l'État islamique, toute forme d'éducation scolaire est interdite, à l'exception des écoles coraniques traditionnelles. La présence d'organisations internationales est absente, et aucune ONG n'ose dénoncer cette réalité, car cela entraînerait l'arrêt de ses activités dans la zone.
Pendant la période où le CSP-PSD, maintenant CSP-DPA, était en contrôle de la ville de Kidal, les écoles ont maintenu leurs activités sans interruption jusqu'à l'arrivée de l'armée malienne et des mercenaires de Wagner dans l'Azawad.
Les cours étaient dispensés sans l'aide du gouvernement du Mali. L'école d'Intechaq en est un exemple frappant. Des personnes de bonne volonté ont pris l'initiative de donner des cours dans ce village avec leurs propres moyens, et l'école fonctionnait bien.
Les élèves étaient exemplaires en matière d'apprentissage.
De plus, il est essentiel de relever les défis spécifiques auxquels sont confrontées les filles dans les zones touchées par les conflits comme l'Azawad et le Macina. Les filles sont souvent affectées de manière disproportionnée par les conflits, faisant face à des obstacles tels que le mariage précoce, la violence basée sur le genre et l'accès limité à l'éducation. Ces obstacles entravent non seulement leur développement personnel, mais aussi freinent le progrès de leurs communautés.
Pour surmonter ces défis, des interventions ciblées qui promeuvent l'éducation des filles, renforcent le pouvoir des enseignantes et créent des espaces d'apprentissage sûrs sont cruciales. En garantissant aux filles un accès égal à l'éducation, nous pouvons briser le cycle de la pauvreté et du conflit perpétué par les disparités de genre.
Un autre aspect clé à considérer est le rôle de l'éducation dans la promotion de la paix et de la réconciliation dans les zones touchées par les conflits. L'éducation peut servir d'outil pour favoriser la compréhension, la tolérance et le respect. En intégrant l'éducation à la paix dans le programme scolaire et en promouvant le dialogue interculturel, les écoles de l'Azawad peuvent jouer un rôle vital dans la promotion de la cohésion sociale et la prévention des conflits futurs.
De plus, impliquer les communautés locales, les parents et les leaders traditionnels dans le système éducatif peut contribuer à assurer sa durabilité et sa pertinence pour les besoins de la population. L'engagement communautaire peut renforcer le sentiment de propriété et de responsabilité envers l'éducation, conduisant à des résultats positifs à long terme pour les enfants et la société dans son ensemble.
Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour atténuer les impacts de la perturbation de l'éducation dans ces zones de conflit, telles que :
- Soutenir l'éducation informelle : encourager les initiatives d'apprentissage informel, telles que les programmes d'éducation non formelle, les centres d'apprentissage communautaires et les initiatives d'enseignement à distance.
- Protéger les écoles et les enseignants : mettre en place des mesures de sécurité pour protéger les écoles et les enseignants, en collaboration avec les autorités locales et les organisations internationales.
- Réhabiliter les infrastructures éducatives : reconstruire ou réparer les écoles endommagées pour permettre aux enfants d'accéder à un environnement d'apprentissage sûr et adéquat.
- Formation des enseignants : former et soutenir les enseignants locaux afin qu'ils puissent continuer à dispenser un enseignement de qualité malgré les défis du contexte.
- Fourniture de matériel scolaire : assurer un approvisionnement continu en matériel scolaire, y compris des livres, des fournitures et des équipements, pour faciliter l'apprentissage.
- Soutien psychosocial : offrir un soutien psychosocial aux enfants affectés par le conflit, afin de les aider à surmonter les traumatismes et à se concentrer sur leur éducation.
- Coordination internationale : renforcer la coordination entre les gouvernements, les organisations internationales, les ONG et les communautés locales pour maximiser l'efficacité des interventions éducatives dans les zones de conflit.
En combinant ces approches, il est possible de créer un environnement favorable à l'apprentissage, même dans des contextes difficiles
En fin de compte, investir dans l'éducation dans l'Azawad n'est pas seulement un impératif moral, mais aussi une décision stratégique pour promouvoir la stabilité, la prospérité et le développement durable. En donnant la priorité à l'éducation et en garantissant l'accès pour tous, nous pouvons créer un avenir meilleur pour les enfants de l'Azawad et contribuer à une paix et à un progrès durables dans la région.