Silence Complice : La Communauté Internationale et les Crimes de Guerre dans l’AZAWAD

Des combattants du CSP-DPA juin 2024. @Ould Ramadane
                                        
A l’heure où la communauté humaine internationale a les yeux rivés sur le Moyen-Orient dans lequel le conflit Palestinien connait un tournant sans précédent en termes de cruauté. L’Azawad n’en reste pas moins victime d’une autre forme de cruauté inédite. L'année 2023-2024 marque une nouvelle ère de violences et d'atrocités dans la région, exacerbée par la présence de la milice paramilitaire russe Wagner et les actions controversées et inhumaines des Forces Armées Maliennes (FAMa). La région du Macina et de l'Azawad est en proie à des exactions brutales perpétrées contre les civils, laissant les populations locales dans un état de terreur constant. Malgré l'ampleur des crimes de guerre commis, la communauté internationale reste remarquablement silencieuse, laissant les victimes sans voix et sans justice. Pourtant cette communauté internationale a joué par le passé et continue de jouer un rôle primordial dans le conflit qui oppose l’Azawad au Mali. Garante de la mise en œuvre du défunt « Accord pour la paix et la réconciliation de 2015 », la communauté internationale s’est ridiculement mise à l’écart de la gestion de la crise Azawadienne par la junte militaire au pouvoir.   

L'omerta des puissances internationales

La situation dans la région est loin d'être un simple conflit interne. Les implications géopolitiques et les intérêts stratégiques internationaux y sont profonds. Pourtant, les gouvernements et les organisations internationales, qui se posent souvent en champions des droits de l'homme, semblent ignorer systématiquement les témoignages et les preuves des abus systématiques contre les populations autochtones. A l’heure actuelle, on ne dénombre plus les victimes tuées par balle, égorgées devant leurs familles ou brulées vives sans omettre la macabre méthode de piéger les dépouilles de victimes afin de faire plus de victimes sachant que les populations autochtones ont une obligation religieuse d’enterrer les corps des défunts.

Les milices Wagner, opérant avec une impunité déconcertante, sont accusées de massacres, de viols et de disparitions forcées. Leurs actions ne sont pas seulement tolérées mais souvent soutenues par les autorités maliennes, désireuses de renforcer leur contrôle sur des régions instables. Au vu des horribles méthodes de tuerie systématique, il y a des hypothèses qui font croire que les autorités maliennes veulent vider l’Azawad de sa population en utilisant la terreur, l’empoisonnement des puits, l’élimination du cheptel entre autres. Les FAMa, de leur côté, ont été impliquées dans des exécutions sommaires et des actes de torture, visant particulièrement les communautés suspectées de soutenir les groupes indépendantistes. Pour se faire, les FAMa utilisent des individus issus de certaines communautés locales favorables à la junte militaire pour identifier n’importe quel individu affilié même par parenté aux communautés majoritairement présentes aux seins des groupes armés du CSP-PDA. La situation est simplement chaotique, les villages, campements nomades et hameaux traditionnellement inamovibles sont désormais vides de leurs occupants fuyant la terreur.

Un silence assourdissant

Malgré les rapports accablants de Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme, d'Amnesty International, des associations nationales et locales, la réaction internationale reste étrangement muette. Les Nations Unies, souvent rapides à condamner les violations des droits de l'homme ailleurs, ont longtemps hésiter à pointer du doigt les responsables au Mali retardant la publication du rapport du massacre de Moura. La France, ancien colonisateur et acteur clé dans la région, maintient, depuis son départ de la région, une approche prudente, préoccupée par son image sur le continent et ses propres intérêts sécuritaires et économiques.

Cette absence de dénonciation n'est pas seulement un échec moral ; elle est une complicité tacite. En fermant les yeux sur les atrocités commises, la communauté internationale envoie un message dangereux : certains crimes peuvent être tolérés si les coupables sont des alliés stratégiques ou économiques puissants. Cette réalité met en péril les principes mêmes sur lesquels reposent les institutions internationales de droits de l'homme à travers le monde. Nous voyons le « deux poids deux mesures » adoptés devant la crise palestinienne et dans une moindre mesure vis-à-vis de la crise Azawadienne.

Les conséquences pour le peuple de l’Azawad

Pour les habitants du Macina et de l'Azawad, ce silence international est une trahison après que la communauté internationale ai pris toute sorte d’engagement pour la signature de l’Accord de 2015 qui n’as jamais été mis en œuvre. Ils vivent dans une peur constante, leurs droits fondamentaux bafoués, leurs vies détruites. Les camps de déplacés internes grossissent chaque jour, et les communautés locales sont de plus en plus fragmentées et radicalisées. L'absence de justice alimente le cycle de violence, créant un terreau fertile pour les groupes extrémistes, déjà très présent dans l’Azawad, qui profitent du chaos pour recruter et se renforcer beaucoup trop facilement.

Un appel à l'action

Il est impératif que la communauté internationale rompe ce silence complice. Les gouvernements et les institutions doivent dénoncer clairement et fermement les crimes de guerre commis par la milice Wagner et les FAMa. Des enquêtes indépendantes doivent être menées, et les responsables de ces atrocités doivent être traduits en justice ; et des mesures justes et définitive doivent être prise pour résoudre la crise Azawadienne. Au regard de sa centralité dans la géopolitique du Sahel, la gestion de la « question Azawadienne » par la communauté internationale doit figurer dans ce bilan comme étant un échec cuisant de la gestion Onusienne des crises multidimensionnelles.

La stabilisation du sahel et la protection de ses populations passent par une reconnaissance de l’Azawad comme un Etat indépendant et une condamnation des crimes de guerre commis au début du 20 -ème siècle par les colons français et la nouvelle administration du soudan français devenu Mali. Le silence n'est plus une option ; il est temps pour la communauté internationale de faire preuve de courage et de défendre véritablement les droits de l'homme, sans exception ni compromis. Il y va de la paix et de la stabilité à l’échelle mondiale.

L'inaction de la communauté internationale face aux crimes de guerre dans l’Azawad est une tache indélébile sur sa conscience. Les victimes du Macina et de l'Azawad méritent justice et soutien, et non l'indifférence. La communauté internationale doit se lever, dénoncer et agir, prouvant ainsi que les principes de justice et de droits de l'homme sont universels et non soumis aux intérêts géopolitiques.


Le 7 juin 2024 

APMA

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Apm Azawad