Le crime organiser au Sahel

 

otage espagnol libéré par le front de libération de l'Azawad (FLA)

La région sahélo-saharienne est devenue, au fil des dernières décennies, un terrain propice aux activités des organisations criminelles et du terrorisme, qui se livrent à des exactions contre les populations locales et à des enlèvements de ressortissants étrangers. Ces pratiques ont fait leur apparition dans la région à la fin des années 1990 avec l’installation du Groupe Salafiste de Prédication et du Combat (GSPC), dérivé du Groupe Islamique Armé (GIA), un acteur de la guerre civile en Algérie. Depuis lors, de nombreux ressortissants de diverses nationalités européennes ont été enlevés par ces groupes, qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda à partir de 2007. Ces otages sont ensuite libérés en échange de rançons, servant à financer les activités de ces groupes criminels ou contre la libération de détenus qui leur sont affiliés.

L’une des premières affaires marquantes de prises d’otages dans la région remonte à 2003. Entre février et mars de cette année-là, 32 touristes européens, principalement des Allemands et des Autrichiens, ont été enlevés dans le Sahara algérien, près d’Illizi, par un groupe dirigé par Abderazak el Para. Les otages ont été divisés en plusieurs groupes : certains ont été libérés par les forces militaires algériennes, tandis que d’autres ont été remis à Mokhtar Belmokhtar. Des négociations ont été menées entre les ravisseurs et des notables envoyés par le gouvernement malien, notamment Iyad Ag Ghali (qui deviendra plus tard le chef de l’un de ces groupes criminels) et Baba Ould Cheikh, ancien maire d’Almoustarat. Le 13 mai 2003, 17 otages ont été libérés, et le 18 août 2003, les 14 otages restants ont été relâchés, probablement en échange d’une rançon de 4,6 millions d’euros, selon certaines sources, bien que le gouvernement allemand ait démenti le versement d’une telle somme. Cette affaire a non seulement enrichi les djihadistes et attisé leur cupidité, mais elle a également encouragé la poursuite de ce type d’action. Ce cercle d’affaires a, au fil des ans, réuni chefs d’État, services de renseignement, intermédiaires et criminels, formant ainsi un système bien rodé, qui commence et finit de la même manière.

Crédit: AFP
Plus récemment, en janvier 2025, deux ressortissants occidentaux ont été enlevés : un Espagnol nommé Navaro Canada Joaquim, kidnappé à Tamanrasset en Algérie le 14 janvier, et une Autrichienne, Eva Gretzmacher, enlevée à Agadez au Niger le 12 janvier. À ce jour, aucune des filiales des organisations salafistes implantées dans la région n’a revendiqué ces enlèvements. Il est probable que ces actes soient le fait de brigands cherchant à vendre les otages à ces organisations. Selon certaines sources, ces deux ressortissants auraient été conduits sur le territoire de l’Azawad. En réaction, le Front de Libération de l’Azawad (FLA), une nouvelle coalition regroupant diverses forces œuvrant pour l’autodétermination de l’Azawad, a publié un communiqué dénonçant ces enlèvements et l’utilisation du territoire de l’Azawad comme base de repli. Le FLA a promis de ne plus tolérer de telles actions et s’est engagé à pourchasser les auteurs des récents enlèvements. Concernant le ressortissant espagnol, il a été localisé par les services de sécurité du FLA, qui ont encerclé les ravisseurs et les ont contraints à le libérer.

Cette intervention du FLA souligne l’importance pour les acteurs internationaux de collaborer avec les acteurs locaux, notamment les autochtones, dans la lutte contre le terrorisme et le crime organiser au Sahel. L’opération de libération de Navaro Canada Joaquim démontre que le FLA est un acteur incontournable dans cette région.

Apma , le 26/01/25

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Apm Azawad